L'ART DU COSTUME

Le costume provençal.

Définir un costume provençal type, qu'il soit masculin ou féminin, est chose quasiment impossible : ce serait créer un costume stéréotypé qui donnerait une idée fausse de cet élément de la vie quotidienne particulièrement évolutif.
En effet, non seulement le costume varie selon les classes sociales et selon les "modes" mais encore au sein d'une même région, à une époque donnée. Chaque ville, chaque village se distingue par quelque particularisme : volants du bonnet des femmes, poches, façon de draper un fichu.
D'autre part, le costume est adapté aux conditions de la vie et dans chaque classe sociale se distingue un costume d'été et un costume d'hiver. Pour chaque saison existe un costume de travail, souvent foncé et fonctionnel, et un costume de fête ou, tout au moins, des éléments destinés à enrichir un costume de travail les jours de fêtes.

Enfin, le costume varie selon les âges de la vie et constitue un véritable code : une jeune fille porte un bonnet beaucoup plus simple que celui d'une femme mariée et une veuve ne saurait continuer à porter son bonnet de femme sans en remplacer les rubans blancs par des rubans noirs.
Dès l'adolescence, la femme travaille à son trousseau, et les pièces de lingerie qu'elle porte ce jour-là sont brodées à la perfection, superbement ouvragées de plis religieuses, d'entre-deux, de volants, de plissés, de dentelles au fuseau, etc...
Vous pouvez admirer notre costume lorsque se produisent les groupes folkloriques de tradition provençale dans les fêtes locales. Ce costume a fait l'objet de longues et méticuleuses recherches, au cours desquelles ont été recueillies, répertoriées, datées, d'innombrables pièces authentiques.


"Le Costume Populaire Provençal"
(EDISUD - Aix-en-Provence / 1994).

Malgré sa richesse et sa diversité, notre costume possède des règles strictes, établies par l'usage et la tradition, et il est représentatif d'une époque précise. Qu'il s'agisse du costume féminin ou masculin, il est un élément constitutif de notre Patrimoine Provençal.


Qu’il soit de Paysan, d'Artisan ou de Bastidan,  c'est un tout, chaque pièce y a sa place, sa signification ou sa fonction. Il ne peut être l'objet de fantaisies, si esthétiques soient-elles, et ne saurait donc s'accommoder de rajouts, d'amputations, ou d’aménagements.
Le costume provençal, le vrai!... dans sa diversité avec ses indiennes colorées, ses cotillons piqués, ses coiffes de dentelle et ses châles brodés.
Le port du costume s'inscrit dans une démarche personnelle par laquelle s'exprime le respect pour un Peuple ou la fierté de lui appartenir. Le costume est l'image immédiate que donne la personne à son entourage.
En conséquence, celle-ci devra toujours avoir à l'esprit la dimension culturelle de son geste.


Les vendanges

Le ruban de la coiffe.

(riban de testo, velout) A chaque époque, un ruban spécifique est adapté à la coiffe. C'est vers 1795 qu' apparaissent les premiers rubans sur les coiffes à brides.

L'époque Charles X est caractérisée par des rubans étroits et fragiles, en taffetas façonné. Longs et souples, ils gansaient élégamment les coiffes.

Quant aux rubans de l'époque Louis Philippe, colorés, chatoyants et raffinés, ils s'enroulaient à triple tours autour de la coiffe. Longs, de texture très souple, chaque ruban a des reflets changeants suivant la lumière et présente une harmonie de couleurs. Ces petites merveilles, aux motifs et tons diversifiés, se portaient souvent avec une extrémité libre, "le guidon".

Vers 1860, apparaissent des rubans aux couleurs plus sombres. Toujours très longs et souples, ils sont unicolores à fond de satin et à motifs géométriques continus en fin velours noir. Ils préfigurent les rubans Napoléon III. Ces derniers, étaient pour la plupart, fabriqués à Kréfeld, en Rhénanie du Nord. A fond de satin bleu foncé ou noir, à motifs floraux ou géométriques de velours épinglé, régulièrement interrompus, ils étaient de texture plus rigide et terminés par une demi-lune. Pour les grandes occasions ou les cérémonies, "le guidon" était orné de fine dentelle. Porté à la fin du 19ème siècle, ce ruban toujours très long - 2 tours de coiffe plus un long guidon - entourait une petite coiffe placée sur un serre-chignon maintenu par 3 longues épingles.

Le dernier ruban porté par l'Arlésienne, est bleu marine, à fond de satin et motifs de velours avec un guidon terminé par une demi-lune. De texture rigide, sa longueur doit être de 102 centimètres pour une largeur de 7,5 centimètres.


Le Costume de Cérémonie .

Au XIXè siècle ce costume était réservé à la cérémonie religieuse du mariage. Aujourd'hui la tradition est moins stricte. A cette occasion l'Arlésienne porte une "robe montante". C'est-à-dire que la jupe et l'eso sont taillées dans la même soie, souvent de couleur verte (faille moirée, soie brochée, taffetas damassé, velours frappé...) ainsi jupe et l'eso donnent l'illusion d'une seule pièce. La jupe en forme s'allonge à l'arrière d'une traîne dont l'importance est variable selon les goûts de la mariée. La dentelle, principal atout de cette toilette, termine le bas de la manche et auréole la main. Un galon de passementerie de la même couleur que le tissu souligne discrètement ce volant diaphane. La chapelle est complète avec : guimpe et plastron en dentelle, fichu de dessous. La pèlerine remplace le fichu et la coiffe à ganse le ruban. Pour le mariage civil, elle échange l'eso assortie à la jupe contre une eso noire. Plus de pèlerine, mais un fichu en tissu (le même que la jupe) bordé de deux rangs de dentelle. Elle se coiffe du ruban à fond écru dont le décor en velours est assorti à la couleur de la jupe et du fichu.. Il semble que la tradition autorisait la jeune femme à porter son costume de noce le Jeudi Saint suivant le mariage et son ruban à fond écru pendant toute la première année. Ceci, bien sûr, à condition qu'elle n'attende pas déjà son premier enfant

Pièce ou Elément du costume

Droulet
Faisait partie du costume au XVIIIe siècle.
C'est un dos de robe ou un casaquin largement ouvert sur le devant, dont les manches s'arrètent aux coudes, et pourvu de quatre longues basques.
Il est souvent fait de soie sombre et unie.
Il se porte sur le corps à baleines ou sur un riche corset souple et épinglé.

Jupe
(en forme, ronde) : sa dénomination implique une coupe ou un montage particulier.

Chapelle
En provençal capello
ensemble des 4 pièces montées sur le buste :

  • le plastron,
  • de la guimpe en dentelle blanche,
  • le fichu de dessous,
  • le fichu de dessus (ou pélerine).


Eso
Corsage près du corps, à manches étroites, très souvent noir ou assorti à la jupe, décolleté sur la poitrine et dans le cou, rentré dans la jupe, il reçoit les éléments de la "chapelle".
On l'appelle ailleurs "casaque"ou "caracot", même si ces termes, dans le vocabulaire du costume, ont une définition différente.

Plastron
ou devant d'estomac : trapèze de tissu brodé ou recouvert de dentelle tuyautée ou volantée qui cache l'ouverture de l'eso devant
(1re pièce de la chapelle).

Guimpe
ou tour de chapelle : pièce de lingerie en forme de U dont le côté intérieur est brodé ou bordé de dentelle et qui encadre le cou et le plastron sur la poitrine
(2è pièce de la chapelle).

Fichu de gaze
En provençal (gazo)
ou fichu de dessous, fichu de tarlatane, fichu de propreté : grand carré de tissu léger toujours blanc, plié sur la diagonale et entièrement plissé qui reçoit le fichu de dessus.
(3è pièce de la chapelle).

Fichu
Grand carré de tissu plié sur la diagonale ou coupé en triangle qui, une fois drapé, vient se poser sur les épaules, recouvrant le dos et la poitrine d'une façon particulière et symétrique.
(4è pièce de la chapelle).

Pèlerine
remplace le fichu dans le costume de mariée. Elle laisse apparaître au moins les trois premiers plis du fichu de dessous.

Mireille - Costume 'en cravate'

Mireille
Nom populaire donné au costume en cravate aujourd'hui porté par les fillettes.
Il s'agit d'une allusion à l'héroïne de Mistral censée avoir porté cette tenue.

Châle
Pièce de tissu plissé, 2 ou 3 plis, que l'on pose sur les épaules à la suite des plis existants.
C'est un grand carré plié sur la diagonale.







Illustrations de Marie-Claude Monchaux
Les enfants provençaux



Pièce ou Elément de la coiffe

Catalane
Simple bonnet, le plus souvent très proche de la coiffe, connu sous le même nom dans le Comtat Venaissin et en Avignon.
Etait porté pour le travail entre Alpilles et Durance.

Ganses
( les ganses, le gansé) : bande de dentelle cousue en surjet et assortie à la chapelle et à la pèlerine.
Sur ses extrèmités froncées en arrondi, sont renforcées par un fil de laiton enrubanné. Elle se pose sur le dessus de coiffe assorti de même façon que la cravate.
Coiffe spécifique de la mariée.

Cornettes ou banettes
En provençal boneto
Angles brodés de la cravate, noués en avant du peigne.

Péçu
Elément du ruban.
Du provençal pessu : pincé
Partie pliée du ruban qui fixe sa position définitive. Reçoit le guidon et s'appuie sur lui.

Bandeaux ou abandons
forme dans la coiffure
En provençal : li bandèu
Cheveux torsadés, fixés au peigne spécial, d'une manière à la fois formelle et personnelle.

Doubles bandeaux
forme dans la coiffure
En provençal, faire li revesset signifie retrousser les bandeaux
Cheveux gonflés à la nuque rejoignant les bandeaux.

Frisons
forme dans la coiffure
En provençal : li frisoun
Cheveux ondulés au fer à friser de chaque côté de la raie médiane, au départ des bandeaux, éventuellement sur les oreilles.
A Saint Rémy, on emploie aussi le terme de "barre de chocolat" et de "canon".
Dans certains autres endroits, frison est, enfin, synonyme de bandeaux.

Extraits du livre de
Nicole NIEL

L'ART DU COSTUME D'ARLES

Petite fille habillée en Arlésienne.
Elle n'a pas plus de huit ans, mais pour quelque grande fête, sa mère l'a parée en fille d'Arles. On lui a noué les cheveux en torsades soigneusement enroulées autour du peigne haut, pour former un chignon recouvert d'une coiffe de tulle, selon la technique compliquée dont le crayon de Léo Lelée a noté toutes les étapes. Puis on a fixé sur l'édifice l'un de ces beaux rubans de velours frappé, long d'un mètre, tel qu'on en voit plus que dans les musées ou dans les anciennes familles. Le petit santon que tient cette poupée costumée en dame, a été façonnée dans de l'argile crue par Léon Gaubert en 1918 : c'est une adorable fileuse avec sa quenouille de laine, qu'on peut admirer parmi bien d'autres au musée du vieux Marseille.

Petite fille habillée en Mireille. (Mireio)
A toutes les fêtes carillonnées, les mères habillaient leurs fillettes (ninoio) en "Mireille. (C'était autrefois le costume de travail des jeunes filles, c'est devenu une délicieuse parure). Elles les coiffaient avec soin de la "cravate de percale. Les deux cornettes sont appelées "oreille de lapin", ou parfois plus joliment "papillon". Le principe n'en est pas si simple qu'on pourrait croire.

"La fillette prenait coiffe au jour de sa première communion, puis quand l'école se mêla de garder les gamines plus longtemps jeunes, la cérémonie fut renvoyée à la quinzième année..."
(Marie Gasquet)

L' Arlésienne vue par Léo Lelée (1872 - 1947)
Peintre provençal, illustrateur, dessinateur, décorateur...


Les Tanagras d'Arles, réalisé pour le journal l'Illustration - 1923 - Col. Museon Arlaten

Sur Les Lices d'Arles
Lithographie dédiée à madame Isabelle Nompare de Caumont, Vicomtesse de Luppé.

Illustration pour le cinquantenaire de Mireille. Col. Muséon Arlaten La Fontaine Amédé Pichot

"Je me suis efforcé de rendre par mes simples images tout un passé grandiose et glorieux."
(Léo Lelée, Arles -1943)



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