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LA NAISSANCE DU SKI |
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1 - ENFIN, LE SKI VINT
L'histoire du ski
remonterait à 3000 ans avant Jésus-Christ dans les pays
scandinaves. La première association de pratiquants du ski a
été fondée en 1884 en Norvège dans la
Province de Télémark (d'où le nom de la
célèbre technique du télémark).
Des pays nordiques à l'arc alpin
Le mode de vie alpin ne se prêtant pas aux déplacements
sur terrains enneigés, les montagnards amassaient provisions et
soleil pendant les mois chauds puis "hivernaient" dans leurs grandes
fermes grâce à la chaleur animale.
Curieusement, il existe un écrit qui prouve qu'au XVIIème
siècle, des paysans pratiquaient également le ski en
Slovénie, dans le duché de Crain (actuelle vallée
de Bloke), sur des engins longs d'un mètre cinquante et larges
de quinze centimètres, en tenant à la main un fort
bâton.
Groenland, 1888. Le Norvégien Nansen écrit une fabuleuse
page de l’histoire du ski en traversant héroïquement cette
contrée peu hospitalière. Pour la première fois,
les Français s’intéressent soudainement aux pays du Nord
et, du même coup, voilà nos compatriotes qui se
passionnent pour ces drôles d'engins qui permettent de glisser
sur la neige...
Les pionniers du ski alpin
Bien sur, avant cela, il y eut des
pionniers. Et parmi eux, Henri Duhamel, un dauphinois d'adoption qui,
en 1878, lors de l'exposition universelle de Paris, a
déniché une paire de longues et étroites
planchettes au pavillon scandinave. Au début, il n'a pas su
comment se servir de ces planches dont il ignorait jusqu'au nom! Mais
après avoir découvert les fixations, il fonde avec
quelques amis en novembre 1895 à Grenoble le Ski Club des Alpes.
A la même période, en Autriche, Mathias Zdarsky, artiste,
peintre et sculpteur de Lilienfeld, s'ingénie, après
avoir lu le récit de Nansen, à adapter le matériel
et la méthode scandinave au relief alpin. Ainsi, il met au point
en 1896 des skis plus courts (1,80 m) et il fait breveter un
système de fixations métalliques qui diminuent le
flottement des attaches traditionnelles en osier.
En pays de Savoie, il
semblerait que le premier autochtone s’étant assidûment
déplacé à skis, serait le Docteur Payot de
Chamonix. Dès 1898, ce médecin utilisait ce mode de
transport, pour se rendre rapidement auprès de ses malades. A
Val d’Isère, l’instituteur Mangard pratiquait également
le ski dès 1890, pour se rendre à l’école du
village, où il enseignait. D’après Madame
Maige-Lefournier, le premier chambérien ayant utilisé des
skis, se serait exercé sur les Monts de Lémenc, en
janvier 1900.

La station village de
Valloire découvrit le sport du ski, en 1904 lorsqu’une
unité de skieurs du 159 ème RIA, cantonnée
à Briançon, vint en ce village effectuer des
démonstrations. L’équipe du Capitaine Clerc fit
école car depuis cette époque les valloirins pratiquent
le ski. En 1905, lorsque le Capitaine Clerc et son équipe de
skieurs revinrent à Valloire grande fut leur surprise : " Nous
fûmes étonnés d’y trouver une petite
société de skieurs dirigée par un médecin
et composée de jeunes de 12 à 25 ans qui marchaient
déjà très bien." (Rapport du capitaine Clerc).
Pralognan, village d’alpinistes, aurait découvert le ski
dès 1899 ; en effet, le Baron Hasselstroans, après un
séjour chez Joseph-Antoine Favre, serait retourné en
Scandinavie, et aurait fait parvenir à son ami, une paire de
skis. Selon les récits de ce début de siècle, tous
ces pionniers auraient connu des moments exaltants, au cours desquels
lugeurs et skieurs cohabitaient dans un espace de convivialité.

La vue de ce skieur nous
ramène logiquement aux propos d’Henri Duhamel (le père du
ski) qui parlant de ses " planches" écrivait : " je dois
l’avouer, que durant d’assez longs jours, je me trouvais aussi
embarrassé d’en tirer convenablement profit, qu’une carpe peut
l’être, d’une pomme."
LE ROLE DE L’ARMÉE
Les militaires sont d'abord
réticents vis à vis du ski. Ils préfèrent
les raquettes à ces engins qu'ils méconnaissent. Mais en
cette période de course à l'armement, ce sont les
Italiens qui prennent les devants en faisant, pendant plus d'une
décennie, des essais sur le ski et les raquettes. Cela aboutira
en 1898 à la création d'une section
d'éclaireurs-skieurs au col de Tende. Les militaires
français ne peuvent rester à la remorque. En 1887, le
commandant Allotte de la Fuye, chef de bataillon du 4°
régiment du génie à Grenoble, compare
méticuleusement raquettes canadiennes et patins à neige
norvégiens. Enfin, le jeune capitaine Clerc réussit
à convaincre sa hiérarchie de doter les chasseurs alpins
de skis. En 1903, le ministre de la guerre crée ainsi la
première école de ski, basée à
Briançon. Plus de 5000 skieurs militaires y seront formés
jusqu'en 1914, par des instructeurs souvent originaires de
Norvège.
Bien
que le sport du ski fut initialement pratiqué dans les environs
des villes de Savoie, il fallut l’engagement sans réserve de
l’armée pour développer cette nouvelle activité.
De nombreux régiments seront convertis en unité
d’infanterie alpine avec pour mission, le gardiennage des
frontières. Cette stratégie militaire permettra une
cohabitation avec les habitants de la haute montagne qui peu à
peu se familiariseront avec l’usage du " soulier de bois". Cette
pratique du ski sera le phénomène déclenchant de
la mise en valeur des villages d’altitude pour les sports de neige.
L’usage du ski devait offrir aux montagnards la possibilité de
se libérer des contraintes de la chape de neige qui les
asservissait au sein même de leurs villages.


NAISSANCE
DE L’EVENEMENT SKI
L’action
de l’armée pour la promotion du ski fut d’autant plus efficace
qu’elle reçut le soutien du club alpin français et du
touring club de France. Ces deux associations possédant des
moyens financiers sérieux, allaient offrir une contribution
généreuse favorisant le devenir du sport du ski.
Rappelons la devise du C.A.F. "Pour la patrie par la montagne". Cette
action se manifestera par l’aide offerte aux jeunes
libérés des obligations militaires, afin qu’un certain
nombre d’entre-eux se convertissent aux métiers d’artisans
créant leurs propres ateliers de fabrication de skis. Le C.A.F.
et le Touring Club distribueront gracieusement des paires de skis aux
montagnards. Le club du Mont-Revard : 1’A.R.C.
(Aix-Revard-Chambéry) fut l’un de ces heureux
bénéficiaires.
LE
VRAI DEPART
Voici
les propos d’Hansen : "Le saut, exécuté par un bon
skieur, est l’un des plus beaux spectacles, auquel il soit possible
d’assister. Quand on voit le sauteur, calme et résolu, glisser
sur la pente neigeuse puis d’un coup, voler dans les airs et
disparaître dans un tourbillon de neige, on ne peut se
défendre d’un frisson d’enthousiasme." Tous ces
éléments contribuèrent au développement
d’aménagements qui peu à peu transformèrent nos
villages en stations de sports de neige. Les disciplines nordiques :
sauts et ski de fond, s’imposèrent dès 1910 avec
l’arrivée de champions norvégiens : Tangwald, Durban
Hansen, Schultz, Hool qui tous s’installèrent dans
différentes stations des pays de Savoie. C’est sous
l’autorité de ces instructeurs que nos ancêtres
découvriront la technique du Télémark
et les joies d’un arrêt Christiana
bien dosé.
Avant
l’arrivée de ces moniteurs venus du nord, le Club Alpin
Français s’occupait activement déjà du ski
français. Ainsi en 1907, le C.A.F. organisa au
Mont-Genèvre le premier concours international de ski.
L’année suivante, du 3 au 5 janvier 1908, le deuxième
concours international se déroula à Chamonix. Cette
épreuve regroupait des amateurs, des militaires et des guides.
Dès cette époque, ces concours désignaient le
champion de France ; jusqu’en 1931 celui-ci ne pouvait être qu’un
concurrent de nationalité française. A partir de 1932 et
jusqu’en 1945, le champion de France pouvait être alors un
étranger. En 1912-13 et 14, Chamonix bénéficiera,
du privilège, d’être désignée station
organisatrice de ces concours internationaux. Pendant ce temps, le
Touring Club créait lui aussi des manifestations pour promouvoir
les sports de neige auprès du grand public. Ainsi sera
organisée du 23 au 30 janvier 1909, la grande semaine
internationale des sports de neige à Albertville. Cette
manifestation reçue le soutien logistique du 22 èmc
B.C.A. " En Allondaz, les lugeurs et leurs culbutes, reçurent de
frénétiques applaudissements" dit un journaliste de
l’époque. Au cours de cette semaine internationale, les
épreuves de bobsleigh se déroulèrent sur
l’actuelle route de Beaufort alors que les concours de ski de fond
passant par Venton se terminaient à la Bottière.

En
1909 au Mont-Revard, se déroula un grand concours sous
l’égide du C.A.F. et du Touring Club. Cette manifestation allait
promouvoir la nouvelle station qui s’équipa très vite
d’une patinoire de 4000 m2 éclairée à
l’électricité et équipée de micros pour le
fond musical, de pistes de bobsleigh et de luge, de tremplins de sauts
également éclairés la nuit, d’un ring de curling.

Ces
équipements plaisaient à la clientèle du Revard
car cette station rivalisait déjà avec Saint-Moritz. Les
réceptions qui honoraient cette clientèle sélecte
se déroulaient avec faste. En février 1913, le Revard
organisa la première descente aux flambeaux de l’histoire des
sports de neige. En 1910, le Mont-Revard fut honoré par la
visite du Président de la République Fallières. Ce
prestigieux domaine fut retenu pour recevoir le grand
événement de l’hiver 1924 : La semaine Olympique des
sports de neige mais la municipalité d’Aix-les-Bains
déclina cette offre qui profita alors à Chamonix. Cette
manifestation fut considérée comme les Jeux Olympiques
d’hiver.
Les
Jeux Olympiques de 1924
Les
Jeux Internationaux de neige et glace de février 1924
s’inscrivaient dans la période de la VIII ème Olympiade.
Malgré le patronage de cette semaine internationale par le
Comité International Olympique et malgré le serment
officiel, ces jeux n’étaient pas olympiques. "Les jeux de
Chamonix ne furent pas reconnus comme officiels. Les Scandinaves
s’opposaient avec acharnement à l’organisation de jeux
olympiques d’hiver".
Le
patinage à cette époque tenait une place très
importante, tant parles évolutions artistiques, que par le
nombre important d’épreuves de vitesse : 500 m. 1500 m. 5000 m
et 10 000 mètres. Le hockey sur glace connaissait
également toutes les faveurs du public ainsi que le bobsleigh,
véritable formule 1 de la neige.
Le
ski se déclinait en trois disciplines : fond, combiné
nordique et saut au tremplin. Il faudra attendre 1936 pour voir
apparaître le ski de piste.
Parmi
les médaillés de ces Jeux d’Hiver, Norvégiens et
Finlandais s’illustraient en ski, Canadiens et Américains en
hockey sur glace, les Suisses furent vainqueurs en bob, les
Français Andrée Joly et Pierre Brunot montèrent en
patin artistique sur la troisième marche du podium.
Le
défilé d’inauguration rassemblait 294 concurrents
représentant 18 nations. Derrière la fanfare des
chasseurs alpins suivaient les moniteurs de ski, les guides de haute
montagne, les sapeurs pompiers, les enfants des écoles, les
anciens combattants... Le serment olympique fût prononcé
par l’adjudant Mandrillon.
Début du siècle, voilà que le "beau
sexe" s'intéresse au ski. Non pas, à l'image des hommes,
en vue "d'expériences", mais tout simplement par plaisir. "Il
n'est pas de sport plus sain, plus fortifiant, exerçant mieux
les muscles, domptant mieux les nerfs que le ski. Là, plus de
comparaison fâcheuse de l'homme avec la femme, pouvant montrer
que celle-ci ne peut rivaliser avec celui-là, qu'elle est trop
faible pour le suivre. C'est plus l'adresse et l'habileté que
l'effort qui entrent en jeu", expliquait la féministe Marie
Marvingt en 1911.
Bien sûr, les hommes ne songèrent pas à interdire
le ski aux femmes. Mais tout de même, ils trouvèrent fort
déplacé qu'elles veuillent porter la culotte et
participer aux compétitions. Comme l'explique la même
année ce chroniqueur de la revue Les Alpes Pittoresques : "Or,
s'il est bon que les femmes se livrent aux sports qui animent les joues
et font briller les beaux yeux, n'ont-elles pas la robe trotteuse?"
Allumé vers 1900, la "guerre des jupes-pantalons"
s'éteindra à la fin des années vingt. Ce combat
vestimentaire contribua certainement à clarifier le débat
sur la nature du ski - moyen de déplacement ou sport- et
à ancrer cette discipline dans la modernité.
2
- ET LE JEU DEVINT SPORT

L’engouement pour les, sports d’hiver se
trouva fortement attisé lorsque les premiers concours firent
leur apparition ; parmi ces manifestations le "gymkana". Cette
discipline ludico-sportive d’origine scandinave offrait aux spectateurs
des moments truculents où se mêlaient, charme et
fantaisie. Peu à peu les jeux de sports de neige allaient se
transformer et s’organiser à travers des concours, telle cette
première course de ski du 14 mars 1909 à Pralognan : "On
avait décoré les emplacements de départ et
d’arrivée avec de la verdure. sur la place de l’église,
un arc de triomphe portait la devise : Honneur aux skieurs, il servait
de terminus à la course de fond". Ces concours marquaient un
temps très fort dans la vie du village en hiver. Cette grande
fête se déroulait très souvent en circuit
fermé avec une participation limitée au seuls habitants
du village organisateur.
Le concours de Lanslebourg
Pour la première fois en 1914, lugeurs
et skieurs allaient pouvoir s’affronter et lutter d’endurance et de
vitesse. A sept heures départ de la course de fond, à dix
les bobsleighs s’élançaient du refuge 23 sur la route du
Mont-Cenis pour terminer leur course sept kilomètres plus bas.
Vers onze heures courses de luges des enfants et l’après-midi
concours de vitesse et de sauts pour les skieurs.

Le concours des Avanchers
II se déroula dans l’hiver 1914. A
cette occasion, la municipalité alloua une subvention de 10
francs pour la réussite de cet événement selon une
délibération du Conseil Municipal signée du Maire,
Monsieur REY-GOLLIET.
LES COURSES DE BOBSLEIGH
Le ski n’avait pas la
prépondérance d’aujourd’hui. La pratique du bob
s’imposait, Chamonix et Modane possédaient des équipes
renommées aux succès internationaux très
enviés. Cette discipline se pratiquait sur route, la neige
étant alors tassée par la pression d’un tronc d’arbre
tracté par un mulet. Pour obtenir une piste très
glissante, les organisateurs l’arrosaient abondamment. Sur cette
surface rendue bleue, par l’aspersion, les bobeurs se risquaient
à des vitesses excessives qui dépassaient parfois les 100
km/heure.
La griserie de la course sur ces engins
lourds et dépourvus de toute protection fût la cause de
nombreux accidents graves et souvent mortels mais il en aurait fallu
beaucoup plus pour stopper la frénésie des valeureux
bobeurs.


LES STRUCTURES OFFICIELLES
Il fallut attendre 1924, pour que se
crée la Fédération Française de Ski
(F.F.S.) jusqu’alors le sport du SKI en France était
géré par le Club Alpin Français depuis 1906.
Dès sa constitution, la F. F. S. existait au travers de 10
fédérations, chacune d’elle représentant une
région française. Les deux départements savoyards
étaient initialement réunis en une seule et même
organisation ; très rapidement cette alliance allait se
défaire. De cette séparation naissait le 10
décembre 1935, la Fédération Savoyarde de Ski. Le
rôle du Président Henri Lombard fût remarquable ;
sous son impulsion la Fédération de Savoie obtint une
aide sérieuse des pouvoirs publics, aidée en cela par le
Sénateur Antoine Borrel.
En 1940, le Congrès National de la
F.F. S. se tint en Savoie. En 1941, les championnats de France se
déroulèrent à Val d’Isère. A cette
époque les dix fédérations se
transformèrent en Comités régionaux soit seize en
tout. On trouvait ainsi en Savoie, le Comité de Ski de Savoie et
en Haute-Savoie, le Comité du Mont-Blanc.
LA PREMIERE COMPÉTITION OFFICIELLE
EN SAVOIE
Dès la création de la
Fédération Savoyarde de Ski, il fût
décidé d’organiser les premiers championnats de Savoie
à Modane sous la responsabilité du Juge Steiner. Les
Modanais durent préparer les différentes pistes et
réaliser un petit tremplin de sauts. La descente fût
programmée sur la Ramasse à Lanslebourg et le fond se
déroulait en amont de Modane près d’Avrieux. Le slalom
fût tracé au dessus de Modane-ville par le Capitaine Moll.
Le Champion haut-savoyard Emile Allais alors au service militaire, en
profitait, pour faire une exhibition de sauts périlleux avant
à ski !
L’année suivante les championnats
furent organisés par la station de Notre Dame de Bellecombe.
3
- L’ENSEIGNEMENT DU SKI
Il n’existait aucune structure pour
l’initiation des débutants, adeptes de la nouvelle glisse.
Quelques hôteliers utilisaient les services de jeunes gens
dégourdis et réputés bons skieurs qui
s’improvisaient alors "moniteurs".

Ils eurent le
grand mérite d’ouvrir la voie aux écoles privées
qui dès les années 1930 s’installèrent dans
différents villages. L’école du ski club de Paris
créée en 1932 s’implantait à Megève.
L’école de ski d’André Tournier, membre de
l’équipe de France fût créée en 1934
à Tignes. L’école de ski de Morzine organisée par
le SCAP fût ouverte en 1936. L’école Vosgienne de Monsieur
Diebold fonctionnait à Val d’Isère, St Bon, Pralognan,
Peisey-Nancroix. L’enseignement technique différait d’une
école à l’autre.
La Fédération Française de Ski est intervenue en
créant une formation basée sur l’enseignement d’une
méthode unique et applicable dans toutes les régions.
C’est au Mont-Revard que l’école du Docteur Hallberg
créée en 1932, fût retenue pour cette
expérience. Dès 1935, cette structure porta le nom
d’Ecole Nationale des Moniteurs. Elle constitua un corps de professeurs
de ski, de nationalité française. Le diplôme qui
sanctionnait cette formation, donnait droit au titre de "Moniteur de
ski de la F.F.S.".
Le succès de cette entreprise, devait aboutir en 1938 à
la création d’une institution nouvelle : " L’Ecole Nationale du
Ski Français". Cet établissement s’ouvrit à Val
d’Isère et il fût dirigé par Monsieur Diebold. Ce
nouveau centre possédait un département chargé de
la formation des moniteurs: " L’Ecole Centrale" dirigée par
Edouard Frendo ainsi qu’un deuxième département
chargé d’implanter en zones de montagne les écoles
officielles du ski français.
LA
TECHNIQUE FRANÇAISE
La formation
des moniteurs reposait depuis 1938 sur la technique française
mise au point par Emile Allais et Georges Gignoux.
Les moniteurs pourtant formés et compétents ne
bénéficiaient d’aucune loi protégeant leur
profession. Il fallut attendre le régime de Vichy pour que soit
promulguée le 7 novembre 1940 une loi relative à
l’enseignement du ski. En novembre 1945 se constitua le Syndicat
National des Moniteurs de Ski qui regroupe aujourd’hui près de
13 000 membres. Depuis une quinzaine d’années environ,
différentes écoles de ski proposent leurs services.

Elles doivent toutes sous peine de poursuites
n’employer que des moniteurs titulaires du diplôme d’état.
Les moniteurs enseignants contre rémunération, doivent
obligatoirement posséder le B.E.E.S. ou être en instance
de terminer ce dernier comme le sont les moniteurs stagiaires.
LE SKI, SES
METHODES
Il fallut
l’intervention d’instructeurs scandinaves pour apprendre aux savoyards
à dompter leurs patins de bois. C’est au Mont-Revard que vinrent
s’établir les premiers instructeurs norvégiens : Tanqwald
et Hansen qui enseignèrent la technique du virage de
télémark qui permettait d’évoluer en toute
sécurité sur des pentes relativement inclinées.
Les années passèrent et le virage Christiania, assorti
d’un stem, offrit des possibilités techniques nouvelles. Les
matériels, skis et chaussures, s’améliorant, la technique
s’affirmait et l’on atteignit vers les années 1937/38
l’avènement de la méthode française. Celle-ci
valorisait le Christiania, qui pour s’effectuer correctement,
nécessitait une phase préparatoire avec appel et
rotation. Signalons également la "ruade" - décollement
des talons des skis- qui permettait une évolution plus
aisée dans le déclenchement des virages.

La méthode Emile Allais - Gignoux
perdura jusqu’aux années 1955, date à laquelle elle
évolua quelque peu, avec l’aménagement du Christiania
life préconisé par James Couttet.
Dès les années 1956, une autre étape de
l’évolution technique fût préconisée suite
à la réflexion de Vuarnet et Joubert, il s’agissait de
l’écart anatomique entre les skis. Au cours des années
1970, un autre paramètre influença la technique, il nous
fût transmis par le champion Stenmark qui soulevait le ski
intérieur lors des virages. Dans les années 1990, Alberto
Tomba utilisera la glisse avec des skis très
écartés. Cette technique se confirmera avec
l’arrivée des skis paraboliques dont les lignes de côtes
très taillées imposent cette nouvelle gestuelle. Mais que
l’on se rassure, le stem-amont et le stem-aval figurent toujours au
programme des écoles de ski.
LE SKI
ATTELE
Le ski
Jöring revient en force. Ce sport des pays du nord était
initialement un moyen de transport, bientôt le renne céda
la place au cheval. En Suisse, la station de St Moritz organisa de
nombreuses compétitions. Au cours des jeux nordiques de 1909,
une épreuve se déroulait entre les villes d’Upsala et de
Stockolm, soit une distance de 75 km. En Savoie, cette activité
fit quelques adeptes mais le caractère ludique l’emporta sur
l’aspect sportif.

L’ADIEU AUX RAQUETTES
Les raquettes sont sans doute nées
à la même époque que le ski sans que l'on puisse
dire lequel des deux instruments a précédé
l'autre. Chacun
possède en effet sa spécificité: le ski s'emploie
en terrain découvert, tandis que la raquette s'utilise pour
"trapper" en sous-bois.
C’est donc chaussés de raquettes que chassaient les trappeurs du
Nord Québec. Tandis que plus au Nord, les esquimaux utilisaient
le traîneau (qui n'est rien d'autre que deux skis
parallèles reliés entre eux) pour transporter le fruit de
leur chasse sur la glace. Les Lapons se servaient quant à eux
des skis pour poursuivre les troupeaux sur les grandes étendues
de neige.
L’hiver venu,
les randonneurs utilisaient les raquettes à neige pour gagner
les sommets convoités. Avec l’arrivée des skis, les
grands marcheurs échangeront leurs patins à cordes contre
les longues planches glissantes. " En montagne, le ski permet de monter
à une vitesse égale à celle de l’homme à
pied durant la saison estivale ; quant aux descentes, elles se font
à une allure telle, qu’il suffit de quelques minutes pour
descendre d’une altitude de près de 1000 mètres " (la
montagne N° 6 - 1909).
Actuellement, l’usage de la raquette permet aux amoureux de la nature
hivernale, de goûter aux charmes de randonnées
d’exception. Quel délice que d’atteindre des espaces insolites
où l’accès, ski aux pieds s’avérerait impossible.
4 - REMONTEES
MECANIQUES ET MATERIELS DE SPORTS D’HIVER
Dans les années 1930, l’absence de
remontées mécaniques favorisait le . développement
du ski de randonnée, mais seuls les plus courageux gravissaient
des heures durant les sommets. Lorsque les premières
remontées mécaniques apparurent, Marcel Ichac
écrivait "Nous touchons là à un point
délicat de l’évolution du ski. Allons nous voir les
skieurs se diviser en deux catégories adverses : les skieurs de
promenade et les skieurs de descente pour qui la montagne et le plat
sont choses inutiles".
L’arrivée des premiers téléskis et
télétraineaux à neige, confirmèrent les
propos d’Ichac : "Ainsi le promeneur sur planche à neige se
raréfie de plus en plus pour être remplacé par le
"sportif qui voit surtout dans ces patins de bois, un instrument de
jeu, un plaisir de la glissade ou un prétexte à
compétition.
Parmi les premières stations équipées de
remontées de type "téléphérique" signalant
Chamonix avec le Brévent et l’aiguille du Midi, le Mont-Revard
et Mégève.


Dès
1932, la Féclaz installait une remontée mécanique
de type "téléski" 15 skieurs étaient
raccordés à un câble unique ! De 1936 à
1938, de nombreuses stations s’équipent de
téléskis qui se caractérisent par des perches
individuelles Lanslebourg, Valloire, La Toussuire, St François
sur Bugeon, Le Revard, Pralognan, Val d’Isère, Tignes, citons
également le télé-traîneau de Notre Dame de
Bellecombe. La guerre arrête le développement des
stations, seule Val d’Isère installe en 1942 le
téléphérique du Solaise alors même que cette
station figurait sur la liste des sites interdits aux skieurs.
FABRICANTS D’ARTICLES DE SPORTS DE NEIGE
De la planche en bois à l'Atomic
Betaride: L'évolution du ski
"Nous devons aux Scandinaves le ski à la spatule
recourbée et effilée, mais ce sont les Alpins qui l'ont
métamorphosé pour l'adapter à la descente et
à la vitesse" explique Jean-Jacques Bompard, secrétaire
général des établissements Rossignol.
Toutefois, if faut attendre 1930, et la reconnaissance du slalom et de
la descente comme épreuves officielles des championnats du
monde, pour que, enfin, le matériel fasse l'objet de
réelles recherches.
En 1932, l'adjonction de carres métalliques sur les arêtes
inférieures du ski évite une usure des parties tendres du
bois et apporte une plus grande précision dans la conduite du
ski. Apparaissent aussi les premiers farts qui favorisent la glisse,
les fixations à ressorts et les skis en hickory, un bois
d'Amérique du Nord, très lourd et très
résistant. Les Jeux Olympiques de Grenoble en 1968 vont marquer
l'apogée de l'industrie française du ski. Depuis le
milieu des années cinquante, les quelques artisans
passionnés qui s'étaient lancés dans la
fabrication de matériel de ski ont disparu ou sont devenus des
industriels renommés. Tels Georges Salomon, Paul Michal
(Dynamic) ou Laurent Boix-Vives (Rossignol) qui, avant même les
jeux, ont mis au point l'essentiel du matériel que l'on utilise
aujourd'hui encore.
Les carres métalliques sont cachées, les chaussures
délaissent le cuir pour le plastique et le laçage, pour
le serrage par crochets. Enfin, le noyau en bois des skis est pris en
sandwich entre des couches de fibre de verre et de résine, et,
le pivot arrière de Look (1966) représente ce qui se fait
de mieux en matière de sécurité.
Dès la
création de l’école régimentaire de
Briançon, les skis furent importés de Norvège
à des prix très élevés car grevés de
70 % de droits de douane. Face à ce constat, le Capitaine Clerc
décida la création d’un atelier de menuiserie,
spécialisé dans la fabrication des skis.
En 1907, à la demande du C.A.F. et du T.C.F., l’usine Rossignol,
alors spécialisée dans la fabrication de métiers
à tisser, confectionna ses premiers skis. Ces matériels
étaient destinés à une distribution gracieuse
à la population des villages de montagne.
Dans le bassin chambérien, s’installèrent vers 1900,
d’importantes fabriques pour
les sports de neige. L’entreprise Gleise installa rue Nicolas Parent
à Chambéry, son unité de fabrication de skis. En
1925, les établissements Michel implantèrent leur usine
à Barberaz. Les produits manufacturés par cette
entreprise furent toujours de haute qualité ; rappelons que
dès 1946, les skis Trixylo étaient déjà
équipés d’une semelle plastique.
Dès les années 1930, Rapelli créait à
Chambéry, une entreprise qui atteignit une dimension nationale
ce qui valut à cet entrepreneur l’obtention d’un contrat avec
l’armée afin de fournir des skis et du matériel divers
pour la campagne de Norvège lors de la deuxième guerre
mondiale.
Parmi les entreprises qui s’imposèrent localement, citons la
menuiserie Chaix qui créa son unité de fabrication de ski
à St Jean de Maurienne. En Haute Savoie, les
établissements Duret fabriquaient très tôt des skis
en contre-plaqué. Cette entreprise s’est adaptée aux
produits modernes, de type surf.
De très nombreux artisans fabriquaient des skis, des luges et
des raquettes.
Aujourd’hui seules trois grandes marques demeurent présentes au
niveau national. Les établissements Rossignol qui
commencèrent la fabrication de leurs premiers skis dès
1907 et qui depuis se sont adjoint la mise en œuvre de fixations et de
chaussures. Les établissements Dynastar, entreprise
installée à Sallanches, et qui appartient au groupe
Rossignol. Les établissements Salomon près d’Annecy sont
à l’origine une affaire familiale qui débuta par la
fabrication de carres puis de fixations, suivirent les chaussures et
enfin les skis.
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